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Traian Vuia, l'homme et l'inventeur
Traian Vuia est né le 17 août 1872, dans le village de Surducu Mic,
commune de Bujor (actuellement commune de Traian Vuia), dans le
département de Timis. Son père qui était un prêtre s'appelait Simion
Popescu et sa mère, paysanne de Lipova, Ana Vuia dont il a hérité le
nom Vuia. Il commence son cycle primaire à l'école confessionnelle de
langue roumaine, dans la commune de Bujor. À dix ans, l'élève Traian
Vuia est inscrit à l'École Allemande de Faget. Il fait son lycée à
Lugoj en 1884 -1892. Ensuite, il poursuit ses études supérieures à la
Section mécanique de l'École Polytechnique de Boudapeste. La manque
d'argent le contraint d'arrêter les études après une année. Il
s'inscrit à la Faculté de Droit de Boudapeste, où la fréquence n'était
pas obligatoire et, il consacre ses temps libre pour travailler sur ses
projets. Le 1er juin 1901, il est déclaré Docteur en Droit (Doctor
Juris Universi).
En France, il suit des cours d'histoire et d'économie politique au
Collège de France. Il revient périodiquement en Roumanie (1932, 1934,
1938) et il y reste définitivement en 1944. Il meurt le 2 septembre
1950 et repose au cimetière de Bellu.
Traian Vuia, l'inventeur de l'aéroplane automobile
Peu sont ceux qui connaissent, à l'étranger, l'identité de celui qui a
réussi, pour la première fois au monde, à élever dans les airs un
aéroplane mû par un moteur et ayant à bord un homme. Cet inventeur,
c'est un Roumain. Son nom est Traian Vuia.
Modeste, Vuia n'a pas essayé de faire la publicité autour de son
invention. René Chambe écrit dans l'Histoire de l'Aviation : "Si Vuia a
volé en public, il n'a fait contrôler officiellement aucune de ses
tentatives et son nom aujourd'hui est injustement oublié". André Bié,
bibliothécaire au Musée de l'Air, écrivait dans son ouvrage, "Un
précurseur de l'aile volante, Traian Vuia" : "Le nom même de
l'inventeur tomba dans un injuste oubli".
Depuis 1850, le monde avait vu toutes sortes d'ascensions. Au début, on
avait volé en ballon... Traian Vuia, lors d'une conférence tenue à
Paris, à la société Française de Navigation Aérienne, peu après la
première guerre mondiale, demandait à l'assistance : "L'aéroplane ne
constitue-t-il pas une révolution par rapport au ballon dirigeable?".
Le 17 décembre les frères Orville et Wilbur Wright, selon leurs propres
dires, ont réussi "un vol très modeste comparé à celui des oiseaux",
mais ce fut, toutefois, le premier dans l'histoire du monde au cours
duquel une machine portant un homme s'est "élevée en l'air d'elle-même
par sa propre puissance en vol libre, s'est avancée en trajet
horizontal sans perdre de vitesse et a finalement atterri sans
s'avancer". On précise que la machine s'est élevée "d'elle même". En
effet, avant 1908, l'élévation se faisait grâce à une catapulte et à un
pilon. Ces dispositifs étaient auxiliaires, ne faisaient pas partie de
l'appareil, et étaient manoeuvrés par du personnel au sol. Les frères
Wright on revendiqué le premier vol mécanique. Ils ont traduit Traian
Vuia en justice, mais leur revendication a été rejettée. Au sujet du
constructeur brésilien Santos Dumont, qui avait lui aussi revendiqué le
premier vol mécanique, le périodique français l'Aérophile écrivait :
"Au moment où des expériences du même genre sont en cours d'exécution,
ou en voie de préparation, il est strictement juste de rappeler que M.
Vuia est le premier chez nous, à avoir réellement tenté avec un
appareil suffisamment grand pour enlever le poids d'un homme, le
lancement direct d'un aéroplane, monté sur un chariot porteur et
propulsé par une hélice aérienne".
Dans la "capitale de l'aéronautique"
Le 1er juillet 1902, Vuia partait pour Paris, sans aucun appui de la
part des autorités roumaines. Ses amis lui avaient conseillé de choisir
Vienne. Mais Vuia connaissait le prestige aéronautique de la capitale
française, nommée en ces temps là "la capitale de l'aéronautique".
L'ambitieux roumain portait dans sa valise le projet de
l'aéroplane-automobile, qu'il avait conçu à Lugoj, durant l'hiver
1901-1902. Le 2 avril 1903, Vuia tient une conférence à l'Aéroclub
Français. Il utilise à cette occasion des dessins des avions de
l'époque et fait l'analyse des procédés de construction de ses planeurs
et de ceux de Wright. La conférence a eu une importance décisive pour
l'aviation française, en l'orientant dans le domaine des procédés
utilisés par Wright et Voisin.
Un visionnaire pour son temps
Arrivé en France, Vuia s'est adressé aux personnalités de l'époque dans
le domaine de l'aéronautique. Georges Besançon n'a pas manifesté
beaucoup de confiance, mais ultérieurement il a commenté favorablement
les premiers essais de rouler au sol faits par l'appareil de Vuia. Il a
parlé aussi à Victor Tatin, qui lui a attiré l'attention sur le fait
que son appareil avait besoin d'un moteur d'un poids réduit, mais assez
puissant pour élever l'appareil en l'air. Traian Vuia avait répondu à
Victor Tatin : "Je ferai cet
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appareil!". Le 16
février 1903, Vuia présentait à l'Académie des Sciences de Paris le
"Projet d'aéroplane-automobile". Le projet prévoyait pour l'appareil
un poids de 155 kg, pour le moteur une force de 30 CV, une superficie
de 18 m2
et une vitesse de 20 m/s. Le projet a été renvoyé à la Commission pour
les
problèmes d'aéronautique de l'Académie des Sciences, qui a manifesté
très peu
d'intérêt, en considérant que "trouver la solution du problème du vol
avec
un appareil plus lourd que l'air est une chimère". Ce qui montre bien
que
la pensée de Vuia était extrêmement en avance même pour les cercles de
spécialistes de ces temps là. Le passage du temps a corrigé une telle
attitude
de méfiance, qui était en total désaccord avec les articles de la loi
française
du 5 juillet 1844 portant sur les inventions. L'article premier de
cette loi
prévoyait que la constatation du fait que quelq'un devenait auteur
d'invention
tel jour, à telle heure, était naturellement considérée comme
officielle.
Intitulé "Aéroplane-automobile", le premier brevet Vuia a été
sollicité par son auteur, en France, le 15 mai 1903. Dans le manuscrit
qu'il a
déposé à la Mairie du departement de la Seine pour ce brevet, Vuia
décrivait
lui-meme son appareil : " L'appareil repose sur quatre roues au moyen
d'amortisseurs. Au sol, l'appareil avance par la propulsion de l'hélice
et
lorsque la vitesse nécessaire au décollage est atteinte, l'appareil
quitte le
sol". Le brevet lui a été octroyé le 17 août et, le 16 octobre de la
même
année, il a été rendu public.
L'appareil a quitté
le sol
L'avion "Vuia
no1" a été construit dans les ateliers Mockenjos & Smith, les mêmes
qui ont réalisé l'hélice de type Tatin. Pour cet appareil, Vuia a conçu
un
générateur à vapeur qui devait alimenter un moteur de type Serpolet. Ce
moteur
était le même qui entraînait l'hélice de type Tatin. Adapté pour
l'aviation par
Vuia, le moteur de l'aéroplane "Vuia no.1" atteignait des performances
incomparables pour cette époque : 14 kg/1m2 surface portante et 15
kg/1C.V... A
la construction de cet appareil ont parfois assisté des membres de
l'Aeroclub
de France. Le premier essai de vol avec "Vuia no.1", au bord duquel
se trouvait son inventeur lui-même, a eu lieu à la fin du mois de
décembre
1905. L'appareil avait une vitesse de 40 km/h. A l'essai a assisté
seulement le
mécanicien de Vuia. Le 5 février 1906, sur la route qui lie la localité
de
Montesson à la Seine, Vuia fait un nouveau essai, auquel ont assisté
cette fois
des membres de l'Aeroclub de France, des passionnés du vol, des
journalistes.
La revue l'Aérophile écrivait sur "Vuia no.1", que l'appareil avait
l'avantage de supprimer les artifices auquels les divers expériences
faisaient
appel jusque-là pour lancer leurs aéroplanes c'est-à-dire le lancement
sur des
chenilles ou des plans inclinés, la projection en l'air à l'aide d'une
catapulte, la traction par un automobile, etc. Une autre expérience
effectuée
le 6 mars la même année a convaincu l'inventeur roumain des qualités et
des
possibilités de son appareil. Par conséquent, le 18 mars1906,
bénéficiant du
beau temps, Vuia décide de procéder à une nouvelle expérience. Après
avoir
roulé sur environ 50 m, l'avion piloté par son inventeur, s'est détaché
de
terre et a volé sur une distance de 12 m, à une hauteur de presque 1m.
Pour la
premiere fois dans l'histoire de l'aéronautique un appareil plus lourd
que
l'air avait volé en utilisant uniquement les moyens du bord. Après
l'expérience
de l'inventeur roumain, les constructeurs d'avions français ont conçu
leurs
appareils selon le système appellé Vuia. Les éléments conçus par Vuia
ont été
utilisés ulterieurement par les célèbres Blériot, Voisin,
Ernault-Pelterie,
etc. De nos jours, les moteurs cosmiques se trouvant dans les navettes
spatiales sont construits selon le système monoplane, une invention de
Vuia. En
1906, Vuia a effectué quelques vols encore, à de différentes hauteurs (
moins
de 12 m). En 1907, avec l'avion "Vuia no. 2", il a reussi à voler sur
une distance de 70 m.
Lorsqu'éclate la première guerre
mondiale, Traian Vuia travaille, sous la tutelle du Ministère Français
de la
Défense, pour les pouvoirs alliés. Il construit avec Victor Tatin une
torpille
qui était indispensable à la marine militaire.
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