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Jean de La Fontaine
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Jean de La Fontaine (8 juillet 1621 à Château-Thierry dans l'Aisne,
France - 13 avril 1695 à Paris) est un poète, moraliste, dramaturge,
librettiste et romancier français.
Sommaire
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• 1 Biographie
o 1.1 Années de formation (1621-1658)
o 1.2 Au service de Fouquet (1658-1663)
o 1.3 L'apogée de l'activité littéraire (1664-1679)
o 1.4 Les années 1680 : autour de l'Académie
o 1.5 Les dernières années et les dernières fables
(1689-1695)
o 1.6 Chronologie
• 2 Les Fables
o 2.1 Illustration des Fables
• 3 Les Contes
• 4 Quelques vers célèbres
• 5 Œuvres
• 6 Bibliographie
• 7 Galerie
• 8 Voir aussi
o 8.1 Articles connexes
o 8.2 Liens externes
Biographie [modifier]
Années de formation (1621-1658) [modifier]
On dispose de très peu d'informations sur les années de formation de La
Fontaine. L'information la plus ancienne le concernant quant à ces
années date de 1641 : c'est son entrée à l'Oratoire. Mais dès 1642, il
quitterait cette carrière religieuse, préfèrant lire l'L'Astrée,
d’Honoré d'Urfé, et Rabelais, plutôt que Saint Augustin. Il reprend des
études de droit et fréquente un cercle de jeunes poètes : les
chevaliers de la table ronde, où il rencontre Pellisson, François
Charpentier, Tallemant des Réaux, et Antoine Rambouillet de La
Sablière, qui épousera la future protectrice du poète. Il obtient en
1649, un diplôme d’avocat au parlement de Paris. Entre temps, en 1647,
son père lui organise un mariage de complaisance avec Marie Héricart,
alors âgée de 14 ans et demi, qui lui donne un fils, Charles. Ses
fréquentations parisiennes, pour ce que l'on en sait, sont celles des
sociétés précieuses et libertines de l’époque.
En 1652, La Fontaine acquiert la charge de maître particulier triennal
des eaux et des forêts du duché de Chateau-Thierry, à laquelle se
cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Tâche dont on soupçonne
La Fontaine de ne guère s'occuper avec passion ni assiduité et qu’il
revendit intégralement en 1672. C'est aussi qu'il amorce une carrière
de poète par la publication d'un premier texte, une comédie adaptée de
Térence, L'Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaperçue.
Au service de Fouquet (1658-1663) [modifier]
En 1658, il entre au service de Fouquet, Surintendant des Finances,
auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat -
une "pension poétique" -, le poème épique Adonis tiré d'Ovide et
élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le
Songe de Vaux, qui restera inachevé. Car Fouquet est arrêté sur ordre
de Louis XIV ; La Fontaine écrit en faveur de son patron en 1662, l’Ode
au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux. On ne sait pas exactement si
son voyage en Limousin en 1663 est un exil ordonné par l'administration
louis-quatorzienne, ou une décision librement consentie d'accompagner
son oncle Jannart, lui exilé. Il tire de ce déplacement une Relation
d’un Voyage de Paris en Limousin : il s'agit d'un récit de voyage sous
forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de
façon posthume.
L'apogée de l'activité littéraire (1664-1679) [modifier]
En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la
duchesse d’Orléans. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et
Château-Thierry en qualité de gentilhomme - ce qui assure son
annoblissement. C'est le moment où La Fontaine fait une entrée
remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré
de l'Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite
querelle littéraire, sous forme d'une compétition avec la traduction
qu'en a proposé Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la
liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où
le texte de Bouillon est extrêmement fidèle, voire parfois littéral,
celui de La Fontaine s'écarte à plusieurs reprises du récit du Roland
furieux. La Dissertation sur Joconde, qu'on attribue traditionnellement
à Boileau, tranche le débat magistralement à l'avantage du conte de La
Fontaine. Deux recueils de contes et nouvelles en vers se succèdent
alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés
notamment de Boccace et des Cent nouvelles nouvelles. Continuation de
cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois
de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, dédies au
Grand Dauphin, paraissent en 1668. En 1669, La Fontaine ajoute un
nouveau genre à son activité en publiant le roman Les amours de Psyché
et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa
forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique -
cette fois tiré d'Apulée - et de conversations littéraires, le texte
contrevient à des principes élémentaires de l'esthétique classique.
C'est à partir de la fiction des "quatre amis" que met en scène ce
roman qu'on a spéculé sur l'amitié qui unirait La Fontaine, Molière,
Boileau et Racine, sans grande preuve : si La Fontaine est lié
lointainement à à la famille de Racine, leurs relations sont
épisodiques ; les rapports avec Molière ne sont pas connus si tant est
qu'ils existent ; quant à Boileau, il n'y a guère de trace d'une telle
amitié. Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et
diversesédité en 1670 par Port-Royal, La Fontaine publie
successivement, en 1671, un troisième recueil de Contes et nouvelles en
vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des
poèmes de l'époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables
nouvelles et autres poésies. En 1672 meurt la Duchesse d’Orléans : La
Fontaine connaît alors de nouvelles difficultés financières ; Madame de
La Sablière l'accueille et l'héberge quelques mois après, probablement
en 1673. En 1674, La Fontaine se lance dans un nouveau genre : l'opéra,
avec un projet de collaboration avec Lully, qui avorte. C'est
l'occasion d'une violente satire de La Fontaine contre Lully, registre
rare dans son oeuvre, mais où il excelle en ce poème intitulé Le
Florentin. La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié -
mais cette fois-ci, sans qu'on sache très bien pourquoi, l'édition est
saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait
anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la
tradition du genre et dans une topique qui rendait relativement
inoffensive leur charge. Après deux recueils de Contes, c'est à nouveau
un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine
en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maîtresse
du Roi : ce sont nos actuels livres VII à XI des Fables, mais alors
numérotés de I à V.
Les années 1680 : autour de l'Académie [modifier]
Période moins faste, où les productions sont quantitativement moins
importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine
publie un "Poème du Quinquina", poème philosophique dans la manière
revendiquée de Lucrèce à l'éloge du nouveau médicament, et accompagné
de deux nouveaux contes. L'activité littéraire des années 1665-1679 se
solde en 1683 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l'Académie
Française, sans qu'on puisse préciser les exactes raisons de cette
difficulté : on a pu faire l'hypothèse que l'administration
louis-quatorzienne gardait rancune au poète qui avait publié deux
poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le discours
des opposants à cette entrée de La Fontaine à l'Académie s'appuie quant
à lui sur l'accusation d'immoralité lancée contre les recueils de
Contes et nouvelles en vers. Toujours est-il que La Fontaine, après une
vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à
l'Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un
Discours à Madame de La Sablière où il se définit, en une formule
fameuse, comme "papillon du Parnasse". L'année suivante, l'Académie est
encore le cadre d'une nouvelle affaire dans laquelle est impliquée La
Fontaine : Furetière, qui en composant son propre dictionnaire a passé
outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et
lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien
ami, qu'il accuse de trahison et contre lequel il reprend l'accusation
de libertinage. C'est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui
donne jour, la même année, aux Ouvrages de prose et de poésie des
sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des
traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par Maucroix et de
nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu
attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse. Nouveau scandale,
de plus grande ampleur, à l'Académie : la lecture du poème Le siècle de
Louis Le Grand de Perrault déclenche la Querelle des Anciens et des
Modernes, dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du
côté des Anciens, par une Epître à Monsieur de Soissons, prétexte à une
déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste "Mon
imitation n'est point un esclavage".
Les dernières années et les dernières fables (1689-1695) [modifier]
Une série de fables sont publiées en revue entre 1689 et 1692, qui sont
rassemblées en 1693, avec des inédites et celles de 1685, dans un
ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au duc de Bourgogne, fils
aîné du Grand Dauphin et à ce titre héritier présomptif de la Couronne.
Entretemps, La Fontaine tombe gravement malade ; on dispose d'un récit
de 1718 du P. Pouget, confesseur de La Fontaine, qui assure d'une
conversion de La Fontaine lors de cette maladie et d'un reniement
public de ses contes devant une délégation de l'Académie. Néanmoins,
cet événement ne figure aucunement sur les registres de l'Académie. La
Fontaine est enterré au cimetière du Père Lachaise, depuis le transfert
de sa dépouille en 1817, en même temps que celle de Molière.
Chronologie [modifier]
1617 : Mariage des parents du poète. Charles de La Fontaine, d'origine
champenoise, et Françoise Pidoux, d'origine poitevine. Assassinat de
Concini et fin de la régence de Marie de Médicis.
1621 : Le 8 juillet, Jean de La Fontaine est baptisé à Château-Thierry,
où il est né le jour même ou la veille. Son père porte le titre de
"Conseiller du Roi et Maître des Eaux et Forêts du duché de Chaury"
(Château-Thierry). Il est aussi capitaine des chasses. Soulèvements
protestants ; mort du Duc de Luynes.
1623 : Le 26 septembre, baptême de Claude, frère du poète. Publication
à Paris de l'Adonis du cavalier Marin, avec préface de Chapelain.
Procès de Théophile de Viau.
1624 : Richelieu devient chef du Conseil du Roi.
1627 : Publication des deux derniers volumes de l'Astrée.
1628 : Mort de Malherbe.
Vers 1630 : Les études de La Fontaine restent mal connues. Probablement
les commence-t-il au collège de Château-Thierry, établissement réputé,
pour aller vers 1635 les achever dans un collège parisien, où il a
Furetière pour condisciple.
1633 : Le 26 avril, baptême de Marie Héricart, fille du lieutenant
civil et criminel au bailliage de la Ferté Milon, apparenté à la
famille Sconin-Racine.
1636 : Naissance de Boileau. Le Cid de Corneille.
1637 : Discours de la Méthode de Descartes.
1639 : Naissance de Racine.
1641 : La Fontaine entre à la maison mère de l'Oratoire à Paris le 27
avril, puis se rend peut-être à Juilly et revient à Paris à la maison
de Saint-Magloire pour étudier la théologie. Son frère Claude le
rejoint à l'Oratoire.
1642 : La Fontaine quitte l'Oratoire, au bout de 18 mois. Mort de
Richelieu.
1643 : La Fontaine est rentré à Château-Thierry. Sa vocation poétique
s'éveille alors, semble-t-il. Le 15 mai, mort de Louis XIII. Le 19 mai,
victoire de Rocroi.
Vers 1646 : La Fontaine vient étudier le Droit à Paris ; il acquiert le
titre d'avocat en la Cour du Parlement. Avec d'autres jeunes poètes,
habitués du Palais, il fait partie d'une petite académie littéraire et
amicale dite de la "Table Ronde". Ces palatins sont Pelisson,
Furetière, Maucroix, Charpentier, Cassandre. Il fait la connaissance
d'autres hommes de lettres: Conrart, Chapelain, Patru, Perrot
d'Ablancourt, les Tallemant, Antoine de La Sablière...
1647 : Le 10 novembre, signature du contrat de mariage entre le poète
et Marie Héricart à la Ferté-Milon. "Son père l'a marié, et lui l'a
fait par complaisance" (Tallement). La mère du poète, vivante en 1634,
est morte à la date du contrat. En avril, Maucroix avait acheté une
prébende de chanoine à Reims. Il restera l'ami de La Fontaine jusqu'à
la mort de celui-ci. Gassendi : De Vita et Moribus Epicuri.
1649 : Claude, confrère de l'Oratoire, renonce en faveur de Jean à sa
part d'héritage, moyennant pension. La fronde a éclaté en 1648.
1652 : La Fontaine achète la charge de Maître particulier triennal des
Eaux et Forêts.
1653 :En août, vente d'une propriété sise à Oulchy-le-Château. Le 30
octobre, baptême à Château-Thierry du fils de La Fontaine, Charles, qui
a Maucroix pour parrain. Le père ne s'occupera jamais beaucoup de son
fils. Fin de la Fronde.
1654 : En août, première œuvre publiée de La Fontaine : l'Eunuque,
comédie en vers imitée de Térence.
1658 : Mort du père de La Fontaine, qui laisse à son fils ses charges,
peu lucratives et une succession embrouillée comportant de lourdes
dettes. Par mesure de prudence, La Fontaine et sa femme demandent la
séparation de biens. Le ménage lui-même n'est guère uni, par la faute
probable du poète, mari indifférent. Après juin, La Fontaine offre à
Fouquet son Adonis. Jannart, oncle de Marie Héricart, est substitut de
Fouquet au Parlement et Pellisson, ami de La Fontaine, est au service
du surintendant.
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1659 : Jusqu'en 1661, La Fontaine va recevoir de Fouquet une pension en
espèces, moyennant une "pension poétique". Il doit aussi composer un
ouvrage en l'honneur de Vaux-le-Vicomte : il entreprend le Songe de
Vaux. Il habite tantôt à Paris, chez Jannart, avec sa femme, tantôt à
Château-Thierry pour les devoirs de ses charges, mais il fréquente le
château de Fouquet, se lie avec Charles Perrault, Saint-Evremond,
Madeleine de Scudéry. Paix des Pyrénées.
1660 : Les Rieurs de Beau Richard sont joués au carnaval de
Château-Thierry. Dans cette ville existe une Académie à laquelle
s'intéresse La Fontaine et encore plus sa femme. En 1660-1661, La
Fontaine se lie avec Racine débutant. En juin, mariage du roi. En août,
entrée de la reine Marie-Thérèse à Paris.
1661 : Le 17 août, fête de Vaux, au cours de laquelle La Fontaine
assiste à la première représentation des Fâcheux par Molière. Le 5
septembre, arrestation de Fouquet à Nantes. La Fontaine tombe gravement
malade. Guéri, il revient à Château-Thierry, où il est poursuivi par un
traitant en usurpation de noblesse. Début de construction de Versailles.
1662 : En mars (?), publication anonyme de l'Elégie aux Nymphes de
Vaux. Août : le Duc de Bouillon, seigneur de Château-Thierry épouse
Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin. La Fontaine devient "gentilhomme
servant" de la Duchesse Douarière d'Orléans au Luxembourg, mais il loge
toujours chez Jannart. Le 10 décembre, achevé d'imprimer les Nouvelles
en vers, contenant les deux premiers Contes de La Fontaine.
1665 : Le 10 janvier, achevé d'imprimer des Contes et Nouvelles en
vers. Le 30 juin, achevé d'imprimer d’une traduction de la Cité de Dieu
de Saint Augustin, dont les citations poétiques ont été rendues en vers
français par La Fontaine ; le deuxième tome paraîtra en 1667.
1669 : Les Amours de Psyché et Cupidon, roman suivi de l'Adonis,
imprimé pour la première fois.
1671 : Le 21 janvier, La Fontaine quitte ses charges rachetées par le
Duc de Bouillon, et perd cette source de revenus. Publication du
Recueil de Poésies Chrétiennes et Diverses, dédié à Monseigneur le
Prince de Conti. La Fontaine a beaucoup contribué à la préparation de
ce recueil janséniste (achevé d'imprimer le 20 décembre 1670). Le 27
janvier, Troisième partie des Contes. Le 12 mars : Fables nouvelles et
autres poésies (huit fables). En janvier a été représentée la Psyché de
Molière et Corneille, Quinault et Lulli, inspirée du roman de La
Fontaine.
1672 : Mort de la Duchesse Douarière d'Orléans. La Fontaine perd ainsi
sa dernière charge. Publication séparée de deux fables Le Soleil et les
Grenouilles, Le Curé et le mort. Invasion de la Hollande. Discours de
la connaissance des bêtes par P. Pardies.
1673 : C'est sans doute à partir de 1673 que Madame de La Sablière
héberge Jean de La Fontaine. Jusqu’à ce qu'elle meure en 1693, elle
pourvoira à ses besoins. Dans son hôtel, il peut rencontrer Charles
Perrault, Bernier, médecin et disciple de Gassendi, qui a longuement
séjourné en Inde, et bon nombre de savants tels que Roberval et
Sauveur. Publication du Poème de la Captivité de Saint Malc, sujet sans
doute suggéré par des amis jansénistes. Le 17 février, mort de Molière,
pour qui La Fontaine rédige une épitaphe.
1674 : La protection de Madame de Montespan et de sa soeur Madame de
Thianges vaut à La Fontaine la mission d'écrire un livret d'opéra sur
Daphné, pour Lulli, qui le refuse : d'où la satire du Florentin, restée
manuscrite pendant 17 ans. Publication des Nouveaux Contes, très
licencieux. Epîtres, à Turenne, membre de la famille de Bouillon, qui
tient personnellement La Fontaine en amitié. En juillet, l'Art poétique
de Boileau n'accorde aucune mention à la fable, ni à La Fontaine.
1675 : Interdiction de la vente des Nouveaux Contes par ordonnance de
La Reynie, lieutenant de police. Le 27 juillet, Turenne est tué à
Salzbach. Bernier publie l'Abrégé de la Philosophie de Gassendi.
1676 : La Fontaine vend à son cousin Antoine Pintrel sa maison natale
et achève de payer les dettes paternelles.
1677 : La Duchesse de Bouillon, protectrice de La Fontaine et son frère
le Duc de Nevers cabale contre la Phèdre de Racine.
1678-1679 : Nouvelle édition des Fables choisies, dédiées à Madame de
Montespan. La paix de Nimègue (août 1678) est célébrée par La Fontaine
dans plusieurs pièces.
1680 : Exil à Nérac de la Duchesse de Bouillon compromise dans
l'affaire des poisons. Mort de La Rochefoucauld. Mort de Fouquet à
Pignerol. Conversion de Madame de La Sablière qui, veuve, ayant marié
ses trois enfants, abandonnée par La Fare, son amant, se consacre au
soin des malades et va loger rue Saint Honoré, elle installe La
Fontaine près de sa nouvelle demeure.
1681 : Le 1er août, achevé d'imprimer des Epîtres de Sénèque (les
lettres à Lucilius) traduites par Pierre Pintrel, cousin de La Fontaine
qui lui-même a traduit en vers les citations poétiques et qui a fait
publier l'ouvrage.
1682 : En janvier, Poème du Quinquina, dédié à la Duchesse de Bouillon,
suivi de deux contes, de Galatée, et de Daphné, livrets d'opéra. Vers
cette époque, La Fontaine entreprend un tragédie, Achille, restée
inachevée. Naissance du Duc de Bourgogne.
1683 : Le 6 mai, première représentation à la Comédie Française, du
Rendez-vous comédie de La Fontaine qui n'a aucun succès et dont le
texte est perdu. Le 6 septembre, mort de Colbert. La Fontaine brigue
son siège à l'Académie Française, alors que Louis XIV souhaite voir
élire Boileau, son historiographe. Le 15 novembre, l'Académie, en
majorité hostile au satirique, propose La Fontaine par seize voix
contre sept. La séance a été agitée, en raison de la colère manifestée
par Toussaint Rose, secrétaire du roi. Louis XIV en prend prétexte pour
refuser l'autorisation de "consommer" l'élection.
1684 : Le 17 avril, Boileau est élu à l'unanimité ; le roi accorde
l'autorisation de recevoir La Fontaine. Le 2 mai, réception du
fabuliste, lecture du Discours à Madame de La Sablière. La Fontaine
écrit La Comparaison d'Alexandre, de César et de Monsieur le Prince (de
Condé), à la demande du Prince de Conti. Condé lui-même estime La
Fontaine et le voit volontiers à Chantilly. Mort de Corneille.
1685 : En janvier, l'Académie exclut Furetière, coupable d'avoir obtenu
par surprise un privilège pour son Dictionnaire, achevé avant celui de
l'Académie. La Fontaine vote l'exclusion et subit les virulentes
attaques de son ancien ami, auquel il réplique par des épigrammes. Le
28 juillet, achevé d'imprimer des Ouvrages de Prose et de Poésie des
Seigneurs de Maucroix et de La Fontaine en deux volumes, dont le
premier contient de nouveaux contes, et le second de nouvelles fables
et d'autres pièces. Révocation de l'Edit de Nantes. Mort du Prince
Louis-Armand de Conti.
1686 : Mort de Condé. Ligue d'Ausbourg. Perrault lit son poème du
Siècle de Louis Le Grand, protestation de Boileau. La Querelle des
Anciens et des Modernes éclate. En février, l'Epître à Huet est imprimé
en plaquette à tirage restreint. En juillet, Marie-Anne, Duchesse de
Bouillon, doit se réfugier en Angleterre auprès de sa sœur Hortense,
amie de Saint-Evremond. Correspondance suivie de La Fontaine avec eux
et quelques amis du groupe de Londres, qui comprend, entre autres, les
diplomates Bonrepaux et Barrillon.
1688 : Madame de La Sablière se retire aux Incurables mais continue à
assurer le logement de La Fontaine. Le poète devient le familier du
Prince François-Louis de Conti, dans le milieu très libre du Temple des
Vendôme, chez qui il retrouve Chaulieu. Il chaperonne un moment la
scandaleuse Madame Ulrich. Les caractères de la Bruyère; le portrait de
La Fontaine n'y entrera qu'à la 6ème édition, en 1691.
1691 : Le 28 novembre, première représentation à l'Opéra d'Astrée,
tragédie lyrique de La Fontaine, avec musique de Colasse, gendre de
Lulli : échec complet.
1692 : En décembre, gravement malade, La Fontaine est converti par
l'abbé Pouget, jeune vicaire de St Roch.
1693 : Le 12 février, il renie les Contes devant une délégation de
l'Académie et reçoit le viatique. Il se rétablit néanmoins. Madame de
La Sablière est morte en janvier, Pellisson le 7 février. Les amis
d'Angleterre essaient en vain de décider La Fontaine à venir
s'installer à Londres. Il devient l'hôte d'Anne d'Hervart, Maître des
Requêtes au Parlement de Paris, fils de banquier et extrêmement riche,
marié à Françoise de Bretonvilliers. Le 1er septembre, achevé
d'imprimer des Fables choisies, portant la date de 1694, et constituant
le livre XII. En octobre-novembre, remarques adressées à Maucroix sur
sa traduction d'Astérius.
1694 : Naissance de Voltaire.
1695 : Le 9 février, La Fontaine est pris de faiblesse en revenant de
l'Académie. Il meurt le 13 avril, chez les d'Hervart. En procédant à la
toilette mortuaire, on trouve sur lui un cilice. La Fontaine est
enterré le 14 avril au cimetière des Innocents. Par suite d'une erreur
commise sur ce point par d'Olivet dans l'Histoire de l'Académie, les
commissaires de la Convention exhumeront en 1792, pour leur élever un
mausolée, des ossements anonymes dans un autre cimetière.
1696 :Œuvres posthumes, avec dédicace signée par Madame Ulrich.
1709 : Mort de Marie Héricart, veuve du poète.
1723 : Mort de Charles, fils unique du poète.
Les Fables [modifier]
Voir l’article Liste des fables de Jean de La Fontaine par ordre
alphabétique.
Ses Fables constituent la principale oeuvre poétique du classicisme, et
l'un des plus grands chefs d'oeuvre de la littérature française, ce qui
a pu faire dire à Sainte-Beuve que La Fontaine était l'Homère des
Français : le tour de force de La Fontaine est de donner par son
travail une haute valeur à un genre qui jusque là n'avait aucune
dignité littéraire et était réservé aux exercices scolaires de
rhétorique et de latin. Travail de récriture des fables d'Ésope, de
Phèdre, Abstémius, mais aussi de textes d'Horace (le Rat des villes et
le rat des champs), de Tite-Live ("les Membres et l'estomac"), de
lettres apocryphes d'Hippocrate ("Démocrite et les Abdéritains"), et de
bien d'autres encore, elles constituent une somme de la culture
classique latine et grecque, et s'ouvrent même dans le second recueil à
la tradition indienne avec le choix de fables du Panchatantra. Oeuvre
de poésie et de pensée indissolublement : car les Fables offrent une
méditation en acte sur la nature et les effets de la parole,
spécialement politique, et de leur propre énonciation : Louis Marin a
ainsi montré la subtilité de la réflexion comme du dispositif de ces
fables apparemment innocentes, à partir de l'exemple paradigmatique de
la fable intitulée Le Pouvoir des Fables (voir Bibliographie).
Illustration des Fables [modifier]
Les fables sont illustrées dès la première édition par Chauveau et ses
disciples : c'est que la fable est un genre proche de l'emblème, et à
ce titre fonctionne comme une image morale ; elle accueille donc
volontiers son redoublement iconographique à des fins didactiques. Au
XVIIIe siècle, Oudry propose de nouvelles illustrations, plus
naturalistes. Grandville en 1838, puis Gustave Doré en 1867 propsent
successivement une nouvelle iconographie. Au XXe siècle, Benjamin
Rabier suivi de Chagall proposent à leur tour leurs visions des Fables.
Les Contes [modifier]
Le fabuliste a éclipsé le conteur. La crispation religieuse de la fin
du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont
mis dans l'ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à
jouer de l'implicite pour (ne pas) nommer la sexualité, à "dire sans
dire", dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la
complicité du lecteur. La Fontaine a mené simultanément ces deux
activités, jusqu'à joindre des contes à l'ultime recueil de fables de
1693 : bien plus qu'un laboratoire de la narration enjouée des Fables,
les Contes pourraient bien participer d'une même entreprise, celle
d'une narration poétique sous le signe d'une gaieté sans illusions.
L'oeuvre de La Fontaine offre la figure, exemplaire, d'une sagesse
désabusée : elle choisit, comme le Démocrite de la fable Démocrite et
les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité
d'Abdère soumise aux pensers du vulgaire, et, face à la violence
forcenée du réel elle préfère, contre l'Héraclite de l'Histoire, le
rire plutôt que les pleurs.
Quelques vers célèbres [modifier]
• ... Tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute. (Le Corbeau et le Renard, l, 2)
• La raison du plus fort est toujours la meilleure.
(Le Loup et l’Agneau, l, 10)
• Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. (Le Loup et
l’Agneau, l, 10)
• Plutôt souffrir que mourir, c'est la devise des
hommes. (La Mort et le Bûcheron, l, 16)
• Je plie et ne romps pas. (Le Chêne et le Roseau, l,
22)
• Il faut autant qu'on peut obliger tout le monde:
On a souvent besoin d'un plus petit que soi. (Le Lion et le Rat, II,
11)
• ... Est bien fou du cerveau
Qui prétend contenter tout le monde et son père. (Le Meunier, son Fils
et l’Âne, III, 1)
• Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des
goujats. (Le Renard et les Raisins, III, 11)
• … La méfiance
Est mère de la sûreté. (Le Chat et un vieux Rat, III, 18)
• Petit poisson deviendra grand. (Le Petit Poisson et
le Pêcheur, V, 3)
• Un tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu
l'auras. (Le Petit Poisson et le Pêcheur], V, 3)
• … Le travail est un trésor. (Le Laboureur et ses
Enfants, V, 9)
• Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
(Le Lièvre et la Tortue, VI, 10)
• Aide-toi, le Ciel t'aidera. (Le Chartier embourbé,
VI, 18)
• Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. (Les Animaux malades
de la peste, VII, 1)
• ... Tel est pris qui croyait prendre. (Le Rat et
l'Huître, VIII, 9)
• Mais les ouvrages les plus courts
Sont toujours les meilleurs... (Discours à M. le duc de La
Rochefoucauld, X, 14)
• Que de tout inconnu le sage se méfie. (Le Renard,
le Loup et le Cheval
• Il ne faut jamais vendre la peau de l'ours / Qu'on
ne l'ait mis par terre (L'Ours et les deux Compagnons, V, 20)
Œuvres [modifier]
• L'Eunuque (1654)
• Adonis (1658, publié en 1669)
• Les Rieurs du Beau-Richard (1659)
• Élégie aux nymphes de Vaux (1661)
• Ode au roi (1663)
• Contes (1665, 1666, 1671, 1674)
• Fables (1668, 1678, 1693)
• Les Amours de Psyché et de Cupidon (1669)
• Recueil de poésies chrétiennes et diverses (1671)
• Poème de la captivité de saint Malc (1673)
• Daphné (1674)
• Poème du Quinquina (1682)
• Ouvrages de prose et de poésie (1685)
• Astrée (1691)
Bibliographie [modifier]
• Pierre Clarac, La Fontaine, Bordas, 1949.
• René Jasinski, La Fontaine et le premier recueil
des Fables, Nizet, 1966.
• Jean-Pierre Collinet, Le Monde littéraire de La
Fontaine, Presses universitaires de Grenoble, 1970.
• Louis Marin, Le Récit est un piège, Minuit, 1978.
• Revue Le Fablier, depuis 1989, annuelle.
• Patrick Dandrey, La Fabrique des Fables,
Klincksieck, 1992.
• Roger Duchêne, Jean de La Fontaine, Fayard, 1990.
• Emmanuel Bury, L'esthétique de La Fontaine, Sedes,
1995.
• Olivier Leplatre, Le pouvoir et la parole dans les
Fables, PUL, 2000.
• Jean-Charles Darmon, Philosophies de la Fable. La
Fontaine et la crise du Lyrisme, PUF, 2002.
• Marc Escola, Lupus in fabula. Six façons
d'affabuler La Fontaine, Presses universitaires de Vincennes, 2003.
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